Le village d’exercices d’Epeisses
Dans le canton de Genève, un centre de formation ultramoderne offre aux troupes de sauvetage et à d’autres formations de l’Armée suisse l’opportunité de s’instruire et de s’entraîner. Doté des dernières technologies, il permet de perfectionner les tactiques d’intervention dans des situations de crise et de conflit et dans des conditions des plus réalistes. Petit tour d’horizon de ce village d’exercices unique en son genre en Europe.

Texte: Communication Défense, Nathalie Hesse
Photos: VBS/DDPS, Thomas Aemmer
Vidéo: VBS/DDPS, MNA
C’est dans un décor digne d’un film de guerre ou de catastrophe, près de la frontière française, que les troupes de sauvetage peuvent s’entraîner efficacement dans un environnement proche de la réalité. Le site sert également à l’entraînement de nombreux corps de sécurité et d’intervention tels que les sapeurs-pompiers professionnels ou encore la police cantonale.
Utilisé depuis les années 1970 par l’Armée suisse et doté de structures reproduisant fidèlement des scénarios urbains et ruraux, le village d’exercices d’Epeisses permet de simuler une grande variété de situations. Cette diversité d’entraînements positionne Epeisses comme un des principaux villages d’exercices pour les formations de sauvetage militaires. Le site est actuellement considéré comme un des centres les plus modernes en Europe.
Un environnement d’entraînement polyvalent et hyperréaliste
Le village d’exercices est composé de plusieurs bâtiments et infrastructures qui reproduisent les situations que les intervenants peuvent rencontrer sur le terrain. Comme le souligne le colonel EMG Matthias Pfister, commandant de la place d’armes de Genève et commandant du centre d’instruction des troupes de sauvetage : «A Epeisses, tous les scénarios sont possibles». On y trouve notamment des décombres d’immeubles effondrés, reproduisant fidèlement les structures rencontrées lors de catastrophes naturelles (Japon, Turquie), de guerre (Syrie, Ukraine) ou d’attentats. Des tunnels permettent aux intervenants de s’entraîner aux tactiques et techniques de sauvetage en milieu souterrain lors de bombardements, d’attentats, de tremblements de terre, d’incendies ou d’inondations. Parmi les nouveautés figurent des infrastructures modulaires en béton plus rapidement et facilement remontables.
A côté des zones de décombres, Epeisses accueille également une installation ultramoderne et unique en Suisse appelée «VULCAIN» pour la simulation de feux industriels (incendie d’une citerne et de wagons-citernes) et urbains (immeubles complexes). Cette infrastructure au gaz permet d’entraîner les formations de sauvetage de l’armée à la lutte contre les grands feux – les flammes pouvant mesurer jusqu’à dix mètres – ainsi qu’à l’entraînement tactique des cadres, tout en préservant la sécurité des intervenants et la protection de l’environnement.
Epeisses, un atout majeur pour la sécurité de la Suisse
A l’heure où les conflits conventionnels directs entre Etats semblaient ne plus être à l’ordre du jour, la capacité d’Epeisses à évoluer avec ces nouveaux défis contemporains renforce son rôle crucial pour le maintien de la capacité de défense des troupes de sauvetage ou d’autres troupes de notre armée. Epeisses demeure ainsi un bastion de préparation et d’efficacité, assurant de pouvoir affronter tous les défis de demain.
Questions au lt col Frédéric Wagnon, Rempl cdt / chef Planification:

Quelles sont les principales tâches et responsabilités que vous assumez en ce lieu?
Je suis le remplaçant du commandant du centre d’instruction et de la place d’armes. J’essaie de lui créer les conditions favorables afin qu’il puisse conduire sans se préoccuper des choses mineures et se concentrer sur l’essentiel. Je suis également le chef planification du centre d’instruction pour ce qui est des stages et cours que nous effectuons tout au long de l’année.
Pouvez-vous nous décrire votre rôle en lien avec le village d’exercices?
Depuis que je suis devenu lieutenant en 1988, j’ai accompli de nombreux services de milice dans le village d’exercices. Je l’ai vu se développer tout au long des années. Si l’on compare 1988 à aujourd’hui, nous sommes dans deux mondes totalement différents. J’y ai travaillé comme officier de carrière entre 1995 et 2009, puis de nouveau depuis 2016. J’y suis attaché, c’est un lieu fantastique pour les troupes de sauvetage. Depuis que je suis revenu en 2016, j’ai également pu participer à son développement, même si je n’en ai pas la responsabilité.
Comment imaginez-vous l’utilisation de ce village d’exercices dans les années à venir?
Je ne sais pas à quoi il ressemblera dans 15 ou 20 ans, mais je souhaite qu’il puisse encore accueillir des formations militaires de sauvetage. Si l’on observe les conflits en Ukraine et à Gaza, le village d’exercices ressemble étrangement à ce que l’on peut voir dans les villes de ces deux régions, les bombes en moins. Il y aurait certainement là aussi des possibilités d’instruction pour d’autres formations de l’armée que les troupes de sauvetage.












